Anne Savage

Championne des femmes artistes et pionnière de l'éducation artistique au Québec.

Anne Savage était un peintre canadien associé au Groupe des Sept.  Il est notoire que le groupe ne permettait jamais aux femmes de faire partie de son célèbre entourage. Membre d'une famille nombreuse et très unie, Anne Savage grandit dans la ville rurale de Dorval, au Québec, et passe ses étés dans les Laurentides, ce qui lui inculque un amour de la campagne.

Elle étudie l'art à l'Art Association of Montreal et reçoit l'enseignement de William Brymner et de Maurice Cullen, deux importants artistes impressionnistes canadiens. Elle se fait connaître pour ses paysages lyriques et rythmés.

En 1921, Savage et d'autres personnes ont fondé le groupe du Beaver Hall, un groupe de peintres canadiens basé à Montréal qui s'est rencontré à la fin des années 1910 alors qu'il étudiait l'art dans une école dirigée par l'Art Association of Montreal. Le groupe est remarquable pour son inclusion égale d'hommes et de femmes artistes, ainsi que pour son adhésion au modernisme de l'âge du jazz. Ils ont peint une variété de sujets, dont des portraits, des paysages, des scènes urbaines et des natures mortes, dans un mélange de styles moderniste et traditionnel.

Les œuvres des femmes du Beaver Hall Group ont été considérées par les historiennes de l'art féministes comme un contrepoint au "bushwhacking" macho qui entourait le Groupe des Sept". La vision de la nature adoptée par Savage et ses collègues (dont Mabel Lockerby, Mabel May, Kathleen Morris et Sarah Robertson) est souvent considérée comme contribuant à la création d'une image idyllique de la campagne québécoise, à tel point qu'elle a souvent été assimilée à une forme nostalgique de régionalisme.

Anne Savage (July 27, 1896 – March 5, 1971)

En 1927, elle est invitée par l'ethnologue Marius Barbeau à se joindre à la sculptrice Florence Wyle pour un voyage à Skeena River, en Colombie-Britannique, afin d'enregistrer les totems des peuples autochtones de la côte nord-ouest. Cette œuvre a été incluse dans l'exposition Canadian West Coast Art, Native and Modern de la National Gallery en 1927.

En 1930, des critiques s'élèvent contre le fait que le Groupe des Sept soit reconnu comme l'image de l'art canadien à l'étranger. Certaines personnes pensaient que la National Gallery favorisait les sept et excluait les artistes canadiens plus jeunes et plus progressistes. Des éditoriaux sont rédigés, des pétitions sont créées et l'Académie royale des arts du Canada tente de prendre le contrôle du Musée des beaux-arts pour rectifier la situation. Ces préoccupations ont mené à la création du Groupe des peintres canadiens. Plusieurs femmes figurent parmi les fondateurs du groupe, notamment Savage, Emily Carr, Bess Harris, Prudence Heward, Yvonne McKague Housser, Lillias Torrance Newton et Sarah Robertson.

En 1922, Savage a reçu un appel téléphonique qui a changé sa vie. Le Dr H.J. Silver, directeur des écoles protestantes de Montréal, lui demande d'enseigner comme suppléante à l'école secondaire commerciale et technique. Elle n'avait aucune expérience de l'enseignement. 

    Illustration de Savage à son bureau de classe

"C'est ainsi qu'a commencé la carrière (l'enseignement) qui allait l'éloigner de son propre chevalet et envoyer des douzaines d'autres personnes vers le leur... Ce qui s'est réellement passé, c'est qu'elle a fini par aimer ce qu'elle pensait devoir faire... Anne Savage a trouvé autant de joie et d'amour qu'elle en a donné", écrit Anne McDougall dans Anne Savage : Story of a Canadian Painter.

Elle est passée à la nouvelle école secondaire Baron Byng en tant que professeur d'art.  Elle était admirée pour son dévouement et sa capacité à inspirer ses élèves, où elle a enseigné de 1922 à 1947. Elle a ensuite été nommée superviseur des arts pour la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal. Elle a également organisé des cours d'art pour enfants à l'Art Association of Montreal.

Pendant ses vacances d'été, Savage passait ses étés avec ses collègues artistes à Fern Bank, où les pique-niques de peinture, les fêtes et les riches conversations inspiraient le travail des femmes de Beaver Hall et se reflétaient dans les toiles des unes et des autres. Elle disait que ses liens avec les artistes féminines l'aidaient à rester engagée dans un travail qui " avait tendance à disparaître " au milieu d'un " monde de chefs-d'œuvre masculins ".

Little Pine Lake Wonish, by Anne Savage

En 1939, la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) a diffusé une série de conférences en huit parties intitulée The Development of Art in Canada. Écoutées le dimanche soir, ses conférences de vingt-cinq minutes retraçaient la progression chronologique de l'art canadien, chaque conférence étant axée sur un ou deux personnages clés et le dernier segment commentant les artistes contemporains et les tendances culturelles.

Défendant l'importance de l'éducation artistique, Savage a contribué à la création de la High School Art Teachers' Association, du Child Art Council et de la Quebec Society for Education Through Art. Elle retourne à l'enseignement en 1954 lorsqu'elle est invitée à devenir chargée de cours à l'Université McGill, où elle enseigne jusqu'en 1959.

Tout au long de sa vie, Savage s'est engagée en faveur des droits des femmes et de l'inégalité des sexes. Parmi les groupes auxquels elle s'est jointe, il y a la Ligue des droits de la femme, l'organisme de suffrage de Montréal.

Sa contribution à l'amélioration du profil des femmes artistes et sa défense de l'enseignement de l'art dans les écoles font de Savage une femme digne d'être célébrée.

Pour en savoir plus

Livres

Anne Savage: The Story of a Canadian Painter, by Anne McDougall

 A Story of Struggle and Splendid Courage”: Anne Savage’s CBC Broadcasts of The Development of Art in Canada. In K. Huneault & J. Anderson (Eds.),

Rethinking Professionalism: Women and Art in Canada, 1850-1970 (pp. 106–132). McGill-Queen’s University Press.

Joyce Millar, “The Beaver Hall Group: Painting in Montreal, 1920–1940,” Woman’s Art Journal 13, no. 1 (Spring-Summer 1992):

Archives

Les archives d'Anne Savage se trouvent à l'Université Concordia de Montréal. En anglais seulement

Les archives comprennent ses œuvres, sa correspondance, des photos, ainsi qu'une exposition et un examen en ligne de son travail

Anne Savage chez la Musee des beaux art du Canada